Accueil On signe Queers et trans racisé-e-s contre l’homonationalisme

Queers et trans racisé-e-s contre l’homonationalisme

Nous relayons l’appel signé de Qitoko, L’Intersection et le Collectif Asiatique Décolonial à un cortège de tête mené par des personnes queers et trans racisées pour la Marche des Fiertés du 30 juin 2018.

Le collectif Qitoko appelle à un cortège mené par des personnes queers et trans racisées pour la Marche des Fiertés du 30 juin 2018.* Ce cortège se placera en tête du Cortège de Tête de la Pride – Stop au Pinkwashing ! qui prendra la tête de la marche.

Nous, queer et trans racisé-e-s, pour beaucoup musulman-e-s et/ou, de banlieue, directement touché-e-s par les politiques répressives, racistes, homonationalistes et de gentrification dont la Marche se fait le relais, affirmons notre place en tête de celle-ci. Contre l’Inter-LGBT qui prétend effacer notre existence et nous crache au visage, contre la Mairie de Paris et Anne Hidalgo, contre le Gouvernement raciste, contre la Police assassine qui s’infiltre dans nos espaces, contre les partis néo-libéraux cachés derrière un vernis inclusif, nous nous révoltons.

L’organisation de cette Marche par l’Inter-LGBT, est une triple attaque contre nos vies et nos droits.

Le choix d’un mot d’ordre autour du sport montre l’indifférence de l’inter-LGBT face aux politiques gouvernementales actuelles, en se concentrant sur un aspect dérisoire des violences que nous pouvons subir dans un système raciste et hétérocispatriarcal. Plus encore, il a été choisi dans le seul but de faire de la communication autour des Gay Games, événement sportif faisant pleinement partie de la stratégie de pinkwashing d’Anne Hidalgo : il s’agit de prétendre l’inclusion tout en excluant les personnes queer & trans racisées. En effet, les « Gay games » sont explicitement un tremplin pour les JO de 2024, dont l’effet gentrificateur pour les quartiers populaires et notamment la ville de Saint-Denis est connu. Attirer des touristes gay, blancs, riches d’un côté, exclure les personnes queers trans racisées précaires, de l’autre, voilà la politique soutenue par cette Pride.

De la même manière que la gentrification est toujours accompagnée d’un renforcement de la présence policière, rendant toujours plus dangereuses les vies des personnes queers trans racisées, cette Marche accueille en très bonne place la police. lors que cette police pourchasse des migrant-e-s, violente et assassine nos frères, nos sœurs, nos mères, nos pères dans les quartiers populaires, alors que cette police réprime les mouvements sociaux et fait régner un ordre colonial en France, les organisateurs de la Marche lui déroule le tapis rouge.
Ainsi, au mépris des centaines de victimes de meurtres policiers, au mépris de nos vies, au mépris de l’histoire de la Pride qui célèbre une émeute contre les violences policières dans les espaces queers trans non-blancs, le char du FLAG pourra défiler en uniforme et tirer sur la foule avec des pistolets à eau « pour rire ».

Enfin, c’est par son silence coupable que l’Inter-LGBT participe à la violence que nous subissons. Cette année a été marquée par la loi Asile-Immigration : une loi nationaliste et raciste qui met en danger de mort toutEs les migrantEs, y compris les migrantEs LGBTQI : beaucoup se voient refuser l’asile au prétexte qu’ils et elles n’ont pas réussi à “prouver” leur orientation sexuelle et/ou leur identité de genre. Cette loi limite d’une part l’accès aux droits d’asile, mais pénalise aussi à nouveau le séjour irrégulier en justifiant l’emprisonnement de plus longue durée des sans-papiers, y compris des enfants, sous couvert d’une “retenue administrative” plus longue pour “vérification d’identité”. En refusant de visibiliser cette loi et ses conséquences sur les LGBTQI lors de cette Marche, en refusant d’opposer une résistance ferme à toutes ces politiques répressives et à ceux qui les portent, l’interLGBT cautionne ces mêmes politiques qui privent notamment de soin des personnes sans-papiers séropositives, suivant un traitement hormonal ou un traitement médical. Pire, elle collabore avec les agents de ces politiques répressives et racistes que sont le gouvernement ou la Mairie de Paris en leur offrant des places de choix dans la Marche.

Cette année encore, force est de constater que notre présence est indésirable à cette Marche des fiertés, réservée aux gays, lesbiennes ou bies blanc-hes, bourgeois-es et privilégié-es qui continuent de fait à bénéficier de leur privilège blanc que leur confère la suprématie blanche. Nous leur opposons donc notre résistance en prenant la tête de la Marche des fiertés, qui nous appartient, et appelons tous les queers/lgbti racisé-e-s qui partagent nos analyses à nous rejoindre en tête du cortège de tête.

*Nous refusons l’injonction à être out qu’implique les cortèges non-mixtes de ce type, mais nous tenons à nous affirmer en tête de la Marche, car nos enjeux et nos vies doivent être défendues.

Qitoko.

Signataires : L’intersection, Collectif Asiatique Décolonial,